L'aurore-promiseOh! que les cieux sont loin, et tout! Rien ne prévaut!Vois, les Steppes stellaires
Se dissolvent à l’aube....
La Lune est la dernière
À s'effacer, badaude.
Contre cet infini; c’est toujours trop nouveau!....L'Infini à jamais! comprends-tu bien cela?Et vrai, c'est. sans limites !....
T'en fais-tu une idée,
Ô jeune Sulamite
Vers l'aurore accoudée ?
Et qu'autant que ta chair existe un au-delà ?Il est le Fécondeur, le Galant ChevalierNon; ce sujet t'assomme.
Ton Infini, ta sphère,
C'est le regard de l'Homme,
Patron de cette Terre.
De tes couches, la Providence du Foyer!Nulle Poigne vers lui, il a tout sur le dos;Tes yeux baisent Sa Poigne,
Tu ne te sens pas seule !
Mais lui bat la campagne
Du ciel, où nul n’accueille !....
Il est seul; l'Infini reste sourd comme un pot.Il s'est fait de bons dieux, consolateurs des morts.Ô fille de la Terre,
Ton dieu est dans ta couche!
Mais lui a dû. s’en faire,
Et si loin de sa bouche!...
Et supportait ainsi tant bien que mal son sort,Et le Déva d'antan, Bon Cœur de l'InfiniMais bientôt, son idée,
Tu l'as prise, jalouse!
Et l'as accommodée
Au culte de l’Épouse!
Est là.... - pour que ton lit nuptial soit béni!Et ces autels bâtis de nos terreurs des cieuxAvec tes accessoires,
Ce n'est plus qu'une annexe
Du Tout-Conservatoire
Où s’apprête Ton Sexe.
Sont des comptoirs où tu nous marchandes tes yeux!Ouvre-nous tout Ton Sexe! et, sitôt, l'Au-delàLes dieux s'en vont. Leur père
S’en meurt. - Ô Jeune Femme,
Refais-nous une Terre
Selon ton corps sans âme!
Nous est nul! Ouvre, dis ? tu nous dois bien cela...Jules Laforgue