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Crépuscule de juillet
Comme la vie est triste, incurablement triste.
Les jours s'en vont, s'en vont et ne reviendront plus.
Et que j'en ai perdu, moi, depuis que j'existe
Dans la nuit sans retour des siècles révolus !
Oh ! prodigue ! vingt ans ! huit mille jours ! que d'heures !
Que de tours de cadran l'aiguille a dévoré !
Et ces heures d'enfant qu'en ce moment tu pleures
Et que tu dédaignas dans l'espoir de meilleures
Tueront les quelques jours qui te sont mesurés.
Dieu ! Dieu ! l'Eternité coule vaste et sereine,
Pourtant ma tombe est là, baillant sur mon chemin,
Là, là ! - Je ne veux pas ! Je glisse ! tout m'entraîne !
Où me retenir? Dieu ! Si c'était pour demain !
Oh ! la nuit, mes cheveux se glacent sur ma tête !
Moi mourir ! Moi, pourrir sans nom, fétide engrais !
Et la Terre et les Cieux, toute la vie en fête,
Sans savoir que je fus le Cœur de ma planète
Aimeront, grouilleront, souffriront à jamais !

Jules Laforgue

1ère publication:
Divers de Robert Chauvelot (Nouvelles Editions Debresse) 1971

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