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Pâle soleil d'hiver
       - Sonnet -
Pâle soleil d'hiver, tu filtres du ciel gris
Un rayon souffreteux qui fait plus triste encore
La cité s'éveillant dans sa rumeur sonore ;
Et c'est sous ce jour faux que tu veux voir Paris.

Tu songes à ces temps où, pur de son mépris,
L'homme ignorait le spleen, ce mal qui nous dévore,
Jouissait d'un beau vers, du galbe d'une amphore,
Et vivait sans remords sous l'azur incompris.

Tu te dis, n'est-ce pas, que la Terre, ta fille,
Nourrit en ce moment une pauvre famille?
Et qu'elle a fait son temps? - Mais, ne sois pas si fier!

Devant l'Eternité, tu n'es qu'une fusée
Qui passe. Et tu mourras, ô vieille lampe usée,
Soleil jaune et poussif, pâle soleil d'hiver.

Jules Laforgue

1ère publication:
Revue des sciences humaines n°178 Avril-juin 1980

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