Je contemple mon feu. J'étouffe un bâillement.Triste, triste
Le vent pleure. La pluie à ma vitre ruisselle.
Un piano voisin joue une ritournelle.
Comme la vie est triste et coule lentement.Je songe à notre Terre, atome d'un moment,
Dans l'infini criblé d'étoiles éternelles,
Au peu qu'ont déchiffré nos débiles prunelles,
Au Tout qui nous est clos inexorablement.Et notre sort! toujours la même comédie,
Des vices, des chagrins, le spleen, la maladie,
Puis nous allons fleurir les beaux pissenlits d'or.L'Univers nous reprend, rien de nous ne subsiste,
Cependant qu'ici-bas tout continue encor.
Comme nous sommes seuls! Comme la vie est triste!Jules Laforgue
1ère publication:
Revue Bételgeuse Hiver 1967Voir le site de Philippe Lavergne pour:
le commentaire composé de ce poème...