boutonboutonboutonboutonboutonbouton

Sonnet
J'écarte mon rideau, j'étouffe un bâillement.
Toujours cet horizon de hauts-fourneaux de brique
Fumant dans le ciel gris d'un air mélancolique.
- Comme la vie est triste et coule lentement !

Oh ! qui m'emportera bien loin, en un moment,
Là-bas ! dans des pays, au soleil des Tropiques,
Où je serais aimé comme un enfant phtisique
Aimé bien doucement, bien maternellement.

Il faudrait un miracle, et la vie est trop bête.
Pourtant, je puis mourir! m'en aller dés demain !
Je n'aurais même pas visité ma planète !

Et nous, nous sommes! et nous hurlons en vain.
Et les cieux éternels continueront leur fête !
Comme la vie est triste, triste. Enfin.

Jules Laforgue

1ère publication:
Jules Laforgue inconnu de Robert Chauvelot (Nouvelles Editions Debresse) 1973
 

boutonboutonboutonboutonboutonbouton

bouton