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DEDICACES
JE CHANTE LE SOI-MÊME
Je chante le soi-même, une simple personne séparée,
Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse,
C'est de la physiologie du haut en bas, que je chante,
La physionomie seule, le cerveau seul, ce n'est pas digne de la Muse ; je dis que l'Ëtre complet en est bien plus digne.
C'est le féminin à l'égal du mâle que je chante,
C'est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance,
Pleine de joie, mise en œuvre par des lois divines pour la plus libre action,
C'est l'Homme Moderne que je chante.
Ce poème en V.O.
AUX NATIONS ÉTRANGÉRES
J'ai su que vous demandiez quelque chose pour comprendre cette énigme, le Nouveau Monde,
Et pour définir l'Amérique, sa puissante démocratie :
C'est pourquoi je vous envoie mes poèmes pour que vous y contempliez ce que vous désirez là.
Ce poème en V.O.
À UN HISTORIEN
Vous qui chantez les choses d'autrefois,
Vous qui avez exploré le dehors, la surface des races, la vie qui se montre,
Qui avez traité de l'homme comme créature des politiques, sociétés, législateurs et prêtres,
Moi, citoyen des Alleghanies, traitant de l'homme tel qu'il est en soi, en ses propres droits,
Tâtant le pouls de la vie qui s'est rarement montrée d'elle-même (le grand orgueil de l'homme en soi),
Chantre de la Personnalité, esquissant ce qui doit encore être,
Je projette l'histoire de l'avenir.
Ce poème en V.O.
À UNE CERTAINE CANTATRICE
Voici, prends ce présent,
Je le réservais pour quelque héros, orateur ou général,
Quelqu'un qui servirait l'excellente vieille cause, la grande idée, le progrès de l'émancipation de la race.
Quelque vaillant attaqueur de despotes, quelque audacieux révolté ;
Mais je vois que ce que je réservais t'appartient tout autant qu'à un autre.
Ce poème en V.O.
NE FERMEZ PAS VOS PORTES
Ne fermez pas vos portes, orgueilleuses bibliothèques,
Car ce qui manquait sur vos rayons bien remplis, mais dont on a bien besoin,
Je l'apporte,
Au sortir de la guerre, j'ai fait un livre
Les mots de mon livre, rien ; son âme, tout ;
Un livre isolé, sans attache, avec les autres, point senti avec l'entendement.
Mais à chaque page, vous allez tressaillir de choses qu'on n'a pas dites.
Ce poème en V.O.
POÈTES A VENIR
Poètes à venir ! orateurs, chanteurs, musiciens à venir !
Ce n'est pas aujourd'hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale, plus grande qu'on ait jamais vu,
Levez-vous ! Car vous devez me justifier.
Moi, je n'écris qu'un ou deux mots indicatifs pour l'avenir ;
Moi, j'avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s'arrêter, tourne par hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l'examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.
Ce poème en V.O.
À VOUS
Étranger, si passant vous me rencontrez et désirez me parler, pourquoi ne me parleriez-vous pas ?
Et pourquoi ne vous parlerais-je pas ?
Ce poème en V.O.
TOI LECTEUR
Toi lecteur, palpitante vie et fierté et amour, tout comme moi,
Pour toi donc les chants que voici.
Ce poème en V.O.
Walt Whitman (Traduction de Jules Laforgue)
 

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