Complainte du libre arbitre(1)
Rencontrant un jour le Christ, Pierrot de loin lui a fait : psitt! Venez-ça; êt' vous fatalist'? Pourriez-vous m' concilier un peu Comment l'homme est libre et, responsableu, Si tout c' qui s' fait est prévu d' Dieu ? Et voici que not' Seigneur Jésus, Tout pâle, il lui a répondu : « Ça ne serait pas de refus, « Mais.., votre conduite accuse « Un cœur que le malheur amuse, « Et puis vous êtes sans excuse, « Pire que le méchant soldat « Romain qui m' molesta « Quand j'étais su'l' Golgotha. « Dieu, qui voit tout, apprécie « Vot' conduite envers le Messie, « Que vous lui montez une scie. «En enfer, et sans façon, «Vous irez, triste polisson, « Et ce s'ra un' bonne leçon. » Et il lui tourna les talons. Mais Pierrot dit : « T'en sais pas long, Car t'as déplacé la question. » Jules Laforgue1ère publication:
La Cravache Parisienne 26 mai 1888
Nota: Ce poème ne fait pas partie du recueil "Les Complaintes"