Je ne puis m'endormir, je rêve, au bercementRêve (1)Sonnet
De l'averse emplissant la nuit et le silence.
Tout dort, aime, boit, joue, - oh! par la terre immense,
Qui songe à moi, dans la nuit noire, en ce moment ?Le Témoin éternel qui trône au firmament,
Me voit-il ? m'entend-il ? - oh! savoir ce qu'il pense!...
Comme la vie est triste... - à quoi bon l'Existence?...
- Si ce globe endormi mourait subitement!...Si rien ne s'éveillait demain! - oh! quel grand rêve!...
Plus qu'un bloc sans mémoire et sans cœur et sans sève
Qui sent confusément le Soleil et le suit...- Les siècles passent, nul n'est là; plus d'autre bruit
Que la plainte du vent et du flot sur la grève,
Rien qu'un cercueil perdu qui roule par la Nuit.Jules Laforgue
1ère publication:
Œuvres Complètes Tome I (L'Age d'Homme) 1986Nota: Voir 1ère version