Je ne puis m'endormir; je songe, au bercementRêve (1)
De l'averse emplissant la nuit et le silence.
On dort, on aime, on joue. Oh! par la Terre immense,
Est-il quelqu'un qui songe à moi, dans ce moment ?Le Témoin éternel qui trône au firmament,
Me voit-il ? me sait-il ? Qui dira ce qu'il pense?
Tout est trop triste et sale. - À quoi bon l'Existence?
Si ce Globe endormi gelait subitement ?Si rien ne s'éveillait demain! Oh! quel grand rêve!
Plus qu'un stupide bloc sans mémoire et sans sève
Qui sent confusément le Soleil et le suit.Les siècles passent. Nul n'est là. Pas d'autre bruit
Que le vent éternel et l'eau battant les grèves....
Rien qu'un Cercueil perdu qui flotte dans la Nuit.Jules Laforgue
1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970Nota: Voir 2ème version