Lâche j'ai vu partir l'Art ma dernière idole,Citerne tarie (1)
Le Beau ne m'étreint plus d'un immortel transport,
Je sens que j'ai perdu, car avec l'Art s'envole
Cette extase où parfois le vieux désir s'endort.Trente siècles d'ennui pèsent sur mon épaule
Et concentrent en moi leurs sanglots, leurs remords,
Nos mains ont désappris le travail qui console.
Pas un jour où, poltron, je ne songe à la mort,Sourd à l'illusion qui tient les multitudes,
Je me traîne énervé d'immenses lassitudes,
Tout est fini pour moi, je n'espère plus rien.Tu bats toujours pourtant, cœur pourri, misérable!
Ah! si j'étais au moins, comme autrefois, capable
De ces larmes d'enfant qui nous font tant de bien!Jules Laforgue16 novembre.1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970Nota: Il existe 2 autres version de ce poème: Eponge pourrie
et Eponge définitivement pourrie.