1ère publication:L'après-midi - souvent - à Paris, au mois d'AoûtÀ Saint-Cloud
Sonnet
Je veux fuir les journaux, les fiacres, la poussière
Et les cafés poisseux où ruisselle la bière,
Et je prends le bateau qui conduit à Saint-Cloud.Là, je gravis le parc. Du vert, du vert partout !
Je m'étends sur le dos, lâchement, la lumière
Du vaste azur me fait cligner de la paupière,
La grande paix des bois calme mon sang qui bout.Je sens tourner ma tête à suivre les nuages
Qui mouchètent le ciel de leurs flocons soyeux,
Une immense torpeur me prend ; je clos mes yeux...Je me fonds aux senteurs des fleurettes sauvages,
Et je rêve qu'ainsi je m'éparpille aux cieux
Dans le bruissement infini des feuillages.Jules Laforgue