boutonboutonboutonboutonboutonbouton

Mémento

Sonnet triste

À Jean Richepin, auteur de « Frère, il faut vivre. »
Frère il faut mourir.
Depuis l'Éternité jusqu'à l'Éternité,
Le tourbillonnement universel des mondes,
Enchevêtrant, muet, ses [.......] vagabondes,
Crible d'oasis d'or le noir illimité.

Partout de lourds soleils avec solennité
Roulent irradiant leurs effluves fécondes
Pour retourner, éteints, aux ténèbres profondes.
Et la Mère sourit en sa sérénité.

Là-bas.., là-bas.., pourtant, pèlerin solitaire
Du vide sans échos à tout jamais béant,
Râle un globe gelé. Ce globe, c'est toi, Terre!

Or, comme tout est seul, que tout sombre au néant,
Que nul témoin ne rêve au fond des bleus abîmes,
Dissous-toi, bloc sublime, en cendres anonymes.

Jules Laforgue - Mouni.
27 septembre 1879.

1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970

boutonboutonboutonboutonboutonbouton

bouton