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Jeune spleen de mai
Pourtant, extases inconnues,
Ce n'est pas vous encor! j'attends!
Les Roses chantent au Printemps,
Sœurs orgueilleuses bienvenues,
Mais... ne sont pas assez charnues!

L'air blond qui joue en mes cheveux
N'a pas de langueurs assez fines ;
Et trop frêles, les étamines
Meurent sous mes baisers nerveux ;
Et je ne sais ce que je veux,

Tout le jour, énervé, méchant,
Je sanglote par les prairies ;
Puis le soir, devant le couchant
Aux trop saignantes féeries,
J'ai d'anciennes morts mal guéries.

Il me faut l'âme du printemps !
Et toute. Oh ! l'étreindre, la boire,
Dans l'ombre et l'oubli de l'Histoire !
Seul au monde, j'attends, attends.
Ah ! je ne puis rester longtemps !

Pourquoi rager, changer de place,
Tout sent bon, tout est verre et chaud,
L'azur est toujours dur là-haut,
Seul, je me tords et les nuits passent ;
Si j'allais être fou bientôt...

Jules Laforgue

1ère publication:
Divers de Robert Chauvelot (Nouvelles Editions Debresse) 1971

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