1ère publication:Mon Dieu, c'est assez ! Vous qui connaissezPrière
L'Eternelle espérance
D'où vient ma langueur, oh ! prenez mon cœur,
Mon cœur trop immense !
Puisque j'ai la foi, oh ! délivrez-moi
Du cœur qui me torture,
De mon cœur trop lourd, où monte l'Amour
De toute la Nature.
Qu'il brille, partout, fièvre sans dégoût,
Comme une vaste éponge.
Aime de Douleur où la vie en fleurs
Pour fleurir encor, plonge.Qu'il fasse tout pur à travers l'azur,
Et couvert d'un cilice
Qu'il monte vers vous, insulté de tous
Et brûle et resplendisse
Calme et radieux, au sein des Cieux,
Pour dire, ardent symbole
Que le désespoir est le reposoir
Où l'Amour se console,
Vers qui toute âme vole !Mon cœur est gonflé d'amour, d'éternelle douleur. Il m'étouffe, ma poitrine s'ouvre, mon cœur bout, énorme et rouge. Il monte dans l'azur solennel du Couchant, il monte et grandit en s'éloignant, et les Mondes viennent graviter au tour, et le consoler par des chants infinis !
Jules Laforgue